Je souhaitais aujourd’hui réagir à ce que je peux lire et entendre concernant l’exercice du travail d’éducateur spécialisé de manière libérale.
Mr Roland JANVIER, chercheur en sciences sociales, a intitulé son article, dans la tribune du magazine Direction : « Travail social libéral : la solidarité menacée ? »
L’éducateur exerçant en libéral n’est pas un électron libre. Son cœur de métier reste ancré dans les politiques publiques, dans les enjeux du secteur, dans l’analyse des problématiques, des besoins et des attentes des individus qu’il accompagne. Il tisse les liens entre les personnes et la société, il élargit le réseau et les ressources.
Est-ce mettre en péril la solidarité que d’adapter le mode d’intervention aux contraintes de la personne ? De créer un lien de confiance hors des structures ? De rendre accessible l’accompagnement à des personnes hors établissement voire marginalisées ? D’adapter la tarification à la situation financière de la personne ? D’orienter la personne vers des services qui pourraient répondre à leur besoins ? De permettre une réponse plus adaptée et individualisée ?
N’est-ce pas cela une société plus inclusive ?
Les choix des politiques publiques s’orientent aussi à ce jour vers une démarche d’autodétermination de la personne, vers une libération d’un pouvoir d’agir. Alors comment accompagner la personne dans sa participation, dans cette émancipation ?
L’institution et les professionnels devront peut-être cheminer pour accompagner différemment, se défaire de leur seule expertise, de la « maîtrise » de la (ou des) situations, du contrôle, car le risque serait d’en oublier la personne elle-même. Selon une citation des cahiers de l’actif, (Les dynamiques participatives pour les ESSMS ; Etat des lieux et perspectives p 144) : « Être pris en compte en tant qu’individu, avoir le pouvoir d’agir sur son environnement : voilà le cœur de la participation, c’est à cet endroit précis que réside le sens profond de ce que participer veut dire. »
M. Jean René Loubat, psychosociologue, docteur en sciences humaines, dans le magazine direction, rédige une tribune intitulée « L’exercice libéral n’est pas un simple statut »: « Ce mouvement s’inscrit dans le phénomène sociétal plus large de « désinstitutionalisation », c’est-à-dire de défiance accrue vis-à-vis d’un certain nombre d’institutions déclinantes. »
Il est vrai que les éducateurs libéraux sont une des réponses face à la désinstitutionalisation, permettant de s’adapter à une demande d’autonomie et d’inclusion plus importante. Cette approche permet aussi de répondre de manière plus personnelle aux attentes et aux particularités des personnes que nous accompagnons.
En tant qu’éducatrice spécialisée, exerçant ma profession de manière libérale, je ne tourne pas le dos aux institutions, bien au contraire, je travaille avec elles. Nous faisons équipe.
L’éducateur libéral ayant travaillé en institution pendant plusieurs années, en a une expérience plus fine et peut mobiliser un réseau qu’il maîtrise.
Il permet non seulement d’apporter l’accompagnement nécessaire à une personne hors structure, mais aussi en structure et encore vers les structures.
Le projet de la personne peut être davantage individualisé et les interactions avec les professionnels interagissant dans celui-ci, plus fluides, les dégageant parfois d’un certain poids administratif.
J’aspire à travailler en complémentarité des institutions. De ce fait je propose des comptes-rendus ou rapports d’évolution suite aux accompagnements que je réalise afin d’être transparente dans le travail que j’effectue et de pouvoir contribuer à l’enrichissement des projets individualisés.
Le système libéral permet une offre diversifiée, une individualisation du parcours, un accompagnement spécifique, mais aussi une disponibilité plus importante du fait de moins de lourdeur hiérarchique et de gestion administrative.
Le modèle que nous sommes en train de co-construire avec mes homologues permet un réel travail de collaboration, permettant de pouvoir échanger sur les besoins des familles en difficulté, sur leurs attentes d’accompagnement et de pouvoir y répondre en favorisant l’intervention des éducateurs dont les compétences sont les plus adaptées aux besoins spécifiques de la famille, et qui se situent dans leur secteur géographique.
Nous enrichissons un répertoire des éducateurs libéraux du secteur des Alpes-Maritimes, dont nous sommes à l’origine, permettant une meilleure visibilité de ce nouveau réseau.
L’union des compétences, des ressources pour un accompagnement réfléchi, plus complet, adapté aux besoins : N’est-ce pas cela un travail d’équipe ?!